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Saint François, de la crèche à l'Eucharistie !

Giotto (fresques de la vie de Saint François) : le Noël de Greccio

(Gérard Guitton, Forum, La Croix, 21/12/2013)

Saint François avait une très grande vénération pour la célébration de la fête de Noël. Son premier biographe Thomas de Celano révèle qu’il était autant ému par l’humilité manifestée par l’Incarnation que par l’amour manifesté par la Passion. C’est pourquoi il voulut célébrer la nuit de Noël à Greccio, trois ans avant sa mort, en 1223. On dit parfois qu’à cette occasion, il réalisa la première crèche, ou même qu’il « inventa » la crèche. En fait il fit bien autre chose, et beaucoup mieux ! Quand on regarde avec attention ce qu’il réalisa, c’était bien plus qu’une crèche. Car des crèches, il y en eut avant saint François, et il y en eut beaucoup après, et très différentes de ce qui s’est passé à Greccio. Ce que voulait obtenir François, ce n’était en rien une crèche de santons (qui sont apparus plus tardivement en Italie et en Provence), ce n’était pas non plus une crèche vivante car il ne demandait à personne de vivre les personnages principaux, Marie, Joseph ou l’enfant Jésus : il disait qu’il voulait voir cet enfant divin, « de mes yeux de chair, tel qu’il était, couché dans une mangeoire et dormant sur le foin, entre un bœuf et un âne ». En fait il s’intéressait surtout à ce qui nous semblerait des détails, à savoir la mangeoire, le foin et les deux animaux familiers. Or, pour lui, ce n’étaient pas des détails, mais la pauvreté réelle de la naissance, qui lui permettait de voir l’enfant, à travers eux, mais avec les yeux de la foi. Oui, avec les yeux de la foi. Car la crèche voulue par François est une crèche vide d’où jaillissent simplicité, pauvreté, humilité. Et cette messe est célébrée sur la mangeoire comme autel, où François officia comme diacre, chanta l’Évangile d’une voix vibrante et sonore, et prêcha avec beaucoup d’affection, de tendresse et de douceur sur l’enfant de Bethléem. Et là encore la mangeoire devenue autel, ce n’était pas un détail, car pour lui il s’agissait bien de la même réalité et du même mystère : la venue de Jésus au cœur de notre monde. Et durant toute la messe, il est resté debout devant la crèche, brisé de compassion et rempli d’une joie difficile à décrire : Jésus était bien né ce soir, Il l’était sur l’autel. Sans doute notre sensibilité actuelle nous amène à séparer dans le même lieu l’autel de la messe et la confection de la crèche. Mais pour François l’important est d’accueillir à la messe la présence réelle du Christ sauveur en célébrant le souvenir de la première Nativité. Il le déclare dans une belle méditation (une Admonition) sur le sens de l’eucharistie : chaque messe est une nouvelle naissance du Sauveur : « Chaque jour il s’humilie comme lorsqu’il est descendu de son trône royal dans le sein de la Vierge. Ainsi chaque jour, il vient à nous sous une humble apparence ; chaque jour il descend du sein du Père sur l’autel entre les mains du prêtre. » Ainsi la messe n’est pas seulement le renouvellement du sacrifice d’amour de Celui qui passe de ce monde à son Père ; elle est aussi le renouvellement de la naissance de Jésus à Bethléem. Car cette naissance contenait déjà en germe l’offrande de la vie de Jésus pour le salut du monde. Pour François les deux mystères de l’Incarnation et de la Rédemption ne sont pas séparés mais vécus ensemble dans l’Eucharistie. Non, saint François n’a pas inventé la crèche ; mais il a réalisé beaucoup plus : il a réveillé notre foi en nous invitant à revivre chaque eucharistie comme la nouvelle naissance de Jésus au cœur de l’Église, pour le salut du monde entier.

Tag(s) : #Spiritualité
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