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Calvin aurait sans doute détesté cet anniversaire (500 ème année de sa naissance), lui qui a été enterré dans l’anonymat. En un sens, il n’a même pas voulu faire de disciples, il a constamment renvoyé à JésusChrist, à Dieu et au Saint-Esprit. Pour lui, Dieu n’a que des filles et des fils, pas des petites-filles et des petits-fils. C’est cela d’abord le sacerdoce universel, et le nom même de notre Église, Église réformée toujours à réformer (semper reformanda), renvoie à sa racine première, l’Évangile et non pas la théologie de Calvin. Et il faut reconnaître honnêtement que Calvin s’est trompé sur plusieurs questions. Par exemple, lorsqu’il croyait qu’on pouvait parler de Dieu, indépendamment du Christ. Mais cela l’a conduit à des impasses, tout comme la logique apparente de la prédestination.

La seule certitude, c’est que l’Évangile est Évangile de vie !

Ce qui m’intéresse le plus chez Calvin, c’est moins ses certitudes que ses hésitations ou les tensions qui marquent sa pensée. C’est là qu’il nous apprend quelque chose sur nous-mêmes, sur les relations entre les humains et sur Dieu.

Cela permet aussi de comprendre pourquoi on a pu le lire de façon si différente et pourquoi des Églises et communautés si diverses ont pu se réclamer de lui.

CertainsaccusentCalvindethéocratie et d’autres y voient un des pères de la démocratie. Méfionsnous des anachronismes. Calvin considère le politique comme une figure de la providence qui fait en sorte que la vie des humains soit proprement humaine à travers le respect de la justice. Cela signifie qu’il faut être soumis au politique (Romains 13) et parfois s’opposer à lui (Actes 5).

En économie, certains le voient comme un des pères du capitalisme et d’autres comme un socialiste avant la lettre. Calvin a libéralisé les échanges et valorisé le travail, mais il a aussi plaidé pour une simplification de vie qui rejoint l’aspiration de nos contemporains.

Une chose est sûre, être disciple de Calvin, c’est interpréter l’Évangile, soi-même et le monde pour trouver une fidélité et une cohérence toujours à réinventer. La seule certitude, c’est que l’Évangile est Évangile de vie ! En éthique, Calvin pense qu’on ferait déjà beaucoup – pas tout, mais beaucoup – si on mettait en œuvre la règle d’or : « Fais à autrui ce que voudrais qu’il te soit fait. » Jusqu’à y risquer nos biens, notre honneur et même notre vie. 

(François Dermange, doyen de la faculté protestante de théologie de Genève, La Croix 27 Juin 2009)

 

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