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(Anne Soupa, Christine Pedotti, Forum, La Croix 9/10/09)

Anne Soupa et Christine Pedotti ont fondé le « Comité de la Jupe » à la fin de l’année 2008. Il s’agissait alors de protester contre des propos discriminatoires tenus à l’encontre des femmes au sein de l’Église catholique. Rejointes par des centaines de sympathisants, hommes et femmes, clercs et laïcs, à travers toute la France, il leur est apparu que le véritable enjeu était en fait, par-delà l’épisode particulier qui a suscité leur initiative, la participation plénière de tous les baptisés, femmes ou hommes, à la mission de l’Église.


En Marche !
Nous, femmes et hommes, catholiques, baptisés et confirmés, croyons que Dieu nous a confié en son Fils Jésus-Christ une nouvelle de joie, de paix et de salut pour tous les hommes et toutes les femmes de la Terre, de tous pays, de toutes cultures, de tous temps. Nous constatons avec tristesse que trop nombreux sont les hommes et les femmes, nos contemporains, qui n’ont pas accès à cette bonne nouvelle.

Nous refusons de croire que cette situation serait exclusivement imputable à ceux qui n’entendent pas cette nouvelle et dont le cœur serait égaré par le péché, obscurci par le matérialisme et dépravé par l’immoralité.

Quand la voix de Dieu devient inaudible, c’est notre responsabilité, celle de chaque baptisé, celle de l’Église du Christ, qui est engagée. C’est pourquoi il est de notre devoir, alors que le monde et l’humanité ont plus que jamais besoin d’une parole d’espérance, de mettre en œuvre tous les moyens à notre disposition afin que cette voix puisse être entendue.

Nous voyons autour de nous trop de gens rongés par la peur et la dépression, convaincus intimement – même s’ils n’osent pas le dire – que le christianisme (le catholicisme) en est à la dernière phase de l’agonie. Nous voyons aussi ceux qui rêvent d’un avenir qui ressemblerait au passé et qui, au-delà d’une nostalgie passéiste, espèrent une « restauration » politique et sociale. Nous entendons également ceux qui nous disent que nous n’aimons pas l’Église et nous intiment de la quitter, alors que nous la voulons simplement plus fidèle à sa mission. Mais nous voyons surtout, et c’est cela qui nous fait bouger aujourd’hui, toutes celles et tous ceux qui, le plus souvent sur la pointe des pieds, usés, lassés, désabusés, écœurés, partent.

Nous, femmes et hommes, disciples du Christ, en fidélité à l’Évangile, considérons que le moment est venu de prendre nos responsabilités, non pour nous opposer ou revendiquer vis-à-vis de l’institution ecclésiale, mais pour que la mission que Dieu a confiée à son Église soit pleinement remplie.

Aujourd’hui, nous nous mettons en marche, avec de petits moyens, mais avec détermination et sans crainte. À tous, nous disons que nous regardons l’avenir et que nous le préparons, dans l’Église. Nous reconnaissons l’Église comme la maison de notre passé et de nos racines, et comme celle de notre avenir et de notre espérance ; notre maison de famille. Et c’est pourquoi nous l’aimons.

À cause de cet amour nous ne pouvons ni partir, ni nous taire.

Nous savons que l’Église n’a pas à être « de son temps » – au sens où elle se plierait sottement à toutes les modes –, mais elle a à être « pour ce temps ». Aussi, nous disons que l’égalité des droits et l’égale compétence des hommes et des femmes en matière de réflexion, de responsabilité et de capacité de décider, d’organiser et de gouverner n’est pas une « mode » : c’est une avancée de l’humanité.

Nous disons que la capacité de tous, prêtres ou laïcs fidèles du Christ, hommes ou femmes, à prendre la parole, à peser et discuter une décision, à débattre n’est pas le sous-produit regrettable du relativisme, mais le signe que l’Église devient un peu plus mûre, un peu plus adulte.

Nous disons que l’Église – notre Église –, au nom du Dieu trinitaire qu’elle annonce, a besoin de parole,

de débat. Elle est un corps qui a besoin que la vie circule. Elle a besoin que la vie et la joie promises par son Seigneur, Jésus le Christ, circulent parmi ses membres, afin qu’elle soit un vivant témoin de l’Espérance qui la porte.

C’est ce témoignage qu’en ces temps de grisaille, de doute et de peur nous voulons donner, c’est le combat que nous voulons mener, c’est pourquoi nous nous levons, nous nous parlons et nous marchons ensemble…

Et nous ne sommes pas près de nous rasseoir !

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